jeudi 22 avril 2010

Quai Maximin Licciardi


La criée de Sète est fermée au public. Situé en face de l'entrée interdite, ce petit café glauque à souhait reçoit tous les jours la visite de quelques ivrognes grandioses. Dans une atmosphère d'ébriété sur-réelle, on peut dès huit heures du matin se perdre dans la contemplation des façades aveugles de la criée voisine sans être dérangé par le va-et-vient des manutentionnaires.


Quelques mètres plus bas, sur le même trottoir, les demoiselles Dupuy reçoivent leur clientèle en terrasse, à l'ombre des lauriers roses, avec des huîtres de l'exploitation familiale. Disparus les camions frigorifiques, les diables des poissonniers et la façade aveugle de la criée de Sète.

Autrefois, j'aimais la solitude et la pénombre des bars où il n'y a rien à voir; les murs sans fenêtres nous rapprochent de l'au-delà. A présent que je m'intéresse d'avantage à ce monde-ci, j'ai plus de plaisir à rencontrer les petits producteurs.

Ce qui ne m'empêche pas de toujours aimer David Lynch autant que Jean Renoir.