mercredi 17 février 2010

Marin le terrible

La passe ouest du port de Sète, par vent du sud

Cette photo a été prise par Dominique en novembre dernier, un jour de marin; c'est le fameux vent du sud, celui qui interdit l'accès des ports du Roussillon sauf aux plus téméraires - certains sont morts noyés, leur embarcation fracassée sur les rochers, puis emportée par le ressac, pour avoir tenté leur chance dans la passe ouest un jour de marin.

C'est aussi lui qui chaque année emporte quelques promeneurs égarés, entre Gênes et Santa Margherita. La TV italienne (prononcer TI-OU) lui consacre tous les ans un reportage, pendant les vacances de Noël. Les colères de Neptune sont télégéniques.

La mer gonfle et on à l'impression de voir le port sombrer. Les vagues sont courtes et brutales comme des uppercuts, leur succession chaotique et imprévisible, évoquant une bande de loups affamés qui harcèlent leur proie de toutes parts.

La houle se fait sentir jusque dans l'étang de Thau, semant la zizanie dans les embarcadères et gardant Eliane Col éveillée toute la nuit. Et Ava de raguer ses amarres comme la chèvre de Monsieur Seguin...

Claude-Joseph Vernet - Port de Sette (par vent du sud)

Le même phénomène, vu par un contemporain

mardi 16 février 2010

Ava la pétulante

Miss Gardner
Il faut se rendre à l'évidence: avec ses 2,5 tonnes de déplacement, Ava est un poids-plume. Gracile, élancée, sa silhouette de nymphe cache une puissance totalement disproportionnée. Naviguer sur un tel bateau, c'est comme faire la cuisine avec des piments langue d'oiseau: la moindre erreur de dosage peut avoir des conséquences catastrophiques.

Un courant d'air suffit pour la faire partir au grand galop, comme un pur-sang arabe. Dieu merci, il y a la quille: une tonne de fonte qui nous remet d'aplomb d'un simple coup de barre au lof. Ava se calme, d'un coup d'un seul, et l'on se remet à parler à voix basse; plus besoin de crier.

Les anciens Grecs avaient un nom pour le calme après la tempête: Aphrodite. Ce sont les petits airs si chers à Ava, et qui enchantent son équipage.

Mme Col ne s'y est pas trompée: "Il est trop léger, votre bateau. Dès que la houle se lève, il s'emballe, et au moindre coup de sud, il devient intenable!" En comparaison, ses deux voisins de ponton, un Océanis 411 et un gros chalutier en bois, ressemblent à des vieux hongres assoupis. C'est comme ça que Mme Col les aime: casaniers et point trop remuants. La pétulante Ava n'a qu'à bien se tenir...

lundi 15 février 2010

Toilette d'hiver

.....................Gabriel se tient chaud sous son ponpon.....................

Par une belle journée d'hiver, nous sommes allés faire quelques ronds dans l'eau. A 8h30, il n'y avait personne sur l'étang de Thau; comme nous craignions un coup de vent sur le coup de 10h, à l'image de ce qui s'était produit la veille, nous avons rebroussé chemin. Nous venions à peine de regagner l'anse de Balaruc-les-Usines lorsque l'étang a été pris d'assaut par des centaines de régatiers. Après avoir fait demi-tour, nous avons eu droit à trois heures de joyeux rodéo.

Une fois n'est pas coutume, nous étions sur-toilés. De retour à quai, j'ai vidé la soute à voiles pour remettre un peu d'ordre dans la garde-robe: le foc N°2 se trouve maintenant au-dessus de la pile, suivi de l'inter et du tourmentin. J'ai mis le génois à l'abri, tout au fond de la soute. Dorénavant, il faudra que je sois vraiment motivé pour sortir le grand jeu.

Matelots - Alain


A ce jour, le marin le plus expérimenté à avoir mis pied sur notre FC-10, son capitaine inclus. Passé maître dans la technique de l'amarrage, qui consiste a emprisonner le bateau dans une maille à la fois souple et résistante de pointes, de gardes et de traversiers, il nous aura permis de gagner quelques points dans l'estime de Mme Col, qui chaque fois que je viens m'amarrer à son ponton, jette sur mon travail un regard réprobateur.

[...]

- Tu as beaucoup de chance...
- Comment ça?
- D'avoir une Susanna. J'en connais qui ne resteraient pas plus d'une heure sur un bateau au confort aussi spartiate...