vendredi 21 août 2009

Calculs sur bers

...................................... Ava: la carène ........................................

A sec comme à flot, naviguer c'est prévoir. A mouiller n'importe où, on risque de perdre une ancre, quand ce n'est pas beaucoup plus. A hiverner chez n'importe qui, on s'expose à recevoir une note salée: le prix d'une ancre, tous les mois, quand ce n'est pas beaucoup plus. Adieu l'Estaque! Les conditions sont meilleures dans le golfe du Lion. J'en sais quelque chose: j'ai appelé tous les numéros des deux Pilotes Cotiers, pour finir à Sète, sur l'étang de Thau, très précisément.

jeudi 20 août 2009

L'angoisse de l'écrevisse au moment du court-bouillon

.......................... Au commencement était la lande ..........................

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours rêvé de la mer Méditerranée. Enfant, j'attrapais chaque été des coups de soleil dans le Shropshire et sur la côte basque, entre deux averses, tout en rêvant de la Méditerranée. Celle des calanques de Rébuffat, celle qu'on devine au loin dans les romans de Pagnol, la mer d'Ulysse et Polyphème. Mais pour mon plus grand malheur - je me suis longtemps révolté contre mon sort - ma peau est blanche et couverte de taches de rousseur comme un bol de lait saupoudré de chicorée. Autant dire que je ne suis pas fait pour affronter les rayons délétères des mers ensoleillés; les étés pluvieux de la Cornouaille ou de la baie de Biscay me conviennent beaucoup mieux. Combien de fois, avant de m'exposer au soleil du Midi, ai-je ressenti l'angoisse de l'écrevisse au moment du court-bouillon? Mais rien, pas même un gène récessif, fut-il dans notre famille depuis trente-six générations (si l'on veut remonter jusqu'à la colonisation des Iles Shetland par les Norvégiens), n'a pu m'empêcher, au fil des années, de me rapprocher de la mer tant désirée, tout diaphane que j'étais.

Pour finir, j'ai épousé une Italienne, or Susanna et moi sommes assortis comme une pinte de bière rousse et un verre de Fernet-Branca. Nos enfants lui ressemblent; on me dit même parfois, non sans malice, qu'ils n'ont rien pris de moi: beati loro! Lorsque je les regarde jouer au soleil, sans jamais même se soucier du soleil, j'ai conscience de leur avoir fait un beau cadeau en choisissant leur maman, un cadeau comme seuls savent en faire les parents: de ceux qui ne se remarquent même pas. Si j'avais épousé une Shetlandaise ou toute autre beauté au teint de porcelaine, nous aurions eu des enfants en pâte de verre: le soleil de la Méditerranée serait passé à travers.

Un jour, dans quelques générations peut-être, un enfant roux naîtra qui portera en lui ce gène qui a tant contribué à me gâcher les vacances. Je lui souhaite de trouver le bonheur dans le demi-jour perpétuel de la lande écossaise.

L'éducation sentimentale

....................................... Ava: le carré ........................................

Lorsque nous avons vu le bateau pour la première fois, nous n'avions d'yeux que pour la pureté de ses lignes, le parfait état de la coque, son gréement sportif, le design du carré, etc... Depuis que nous avons signé l'acte de vente, je me répète cent fois par jour: "un si beau bateau, à un si bon prix!"